Il était mort. Les mots avaient été horribles à prononcer. L’enterrement avait été fort en émotions, en souvenirs, en sentiments qu’elle avait redécouvert. La souffrance avait été nouvelle. Différente. Inattendue. Avec les jours, avec le temps qui passaient, ils avaient fait comme ils avaient pu. Ils avaient pris leur mal en patience et avaient tenté d’accepter cet état de fait. Le Roi était mort. Oui. C’était comme ça. De toute façon, qu’est-ce que ça pouvait faire ? Ils ne pouvaient rien y changer. Ils ne pouvaient que se venger et espérer trouver le responsable de cet acte infâme. Ils n’avaient rien d’autre à faire. Rien du tout. Et puis, évidemment, la routine avait repris ses droits. Comme beaucoup de loups, Vyranui avait un métier. Un salaire. Elle se devait de faire vivre sa famille, et par extension, sa meute. En tant que femme, ce rôle était exacerbé. Elle tenait l’avenir de son foyer dans ses actions et son comportement. Il lui était impossible de laisser le foyer tomber. Impensable.
Ainsi, comme tous les jours, elle était partie travailler. Elle avait fait son travail avec le même sérieux qu’habituellement, elle avait récupéré ses commandes, nettoyé ses étagères, remplis ses bocaux, conseillé loups et humains. Puis, quand elle estima sa journée suffisamment éreintante pour elle, Vyranui ferma son échoppe pour rentrer.

Arrivée chez elle, elle trouva son fils, Ivar, assis en tailleur sur le canapé. Elle le salua, posa ses affaires dans la cuisine. Comme souvent, elle était pieds-nus. Fait rare, aujourd’hui, elle était vêtue d’un jean et d’un t-shirt. Neutre. Simple. Ses cheveux étaient, comme souvent, lâchés dans son dos. Ses yeux étaient marqués de mascara. Les mots de son fils finirent par atteindre ses pensées. Elle se préparait une infusion, y ajoutant quelques plantes médicinales, toujours utiles pour se nettoyer l’âme et le corps. « Ta logique est bonne. » Ajouta-t-elle, ravie de voir que son fils ne perdront pas le nord. « Et effectivement, ils n’éliront pas un argenté vu l’échec de Solskinn, ni même un noir, nous sommes trop proches de la meute argentée. » Malgré le fait qu’ils étaient viscéralement différents et que, pour une politique réussie, Solskinn avaient du les éloigner. « Pour moi, il faut voter pour un brun. » Elle réfléchissait. « Un brun qui aura suffisamment de vergogne pour faire ce qu’il faut et agir convenablement. Un blond ou un roux c’est impensable. » Elle souffla sur son infusion, avant d’y plonger les lèvres dedans. « Un brun saura s’allier avec ceux dont il a besoin pour faire le boulot convenablement. Après tout, Elias m’a reçue sans aucune difficulté. Il n’a émis aucune opposition à mes propositions. » Et il n’avait pas eu un comportement menaçant ou agressif à son égard. Loin de là. Il l’avait reçu avec un respect impressionnant. Si on considérait que les meutes étaient, pour la plupart, méprisantes envers les loups noirs. « Pourtant, je n’ai pas confiance en Elias pour diriger. » Elle soupira. « Son aventure avec la rousse ne l’aide pas, même s’il a eu un comportement exemplaire. » Vyranui soulignait l’importance d’avoir protégé les enfants. En tant que mère, elle comprenait. Pire, elle aurait sans doute assurée la survie de ses enfants, au-delà de la survie de sa compagne à la place d’Elias. Et depuis très longtemps.

Ils étaient sur la même longueur d’onde, c’était déjà bien. Ils étaient d’accord, la meute Brune était probablement l’avenir de Bergen : loups réfléchis et ambitieux, il y avait de nombreux avantages de les avoir à leur côtés. Le tout était de trouver un Loup de la meute Brune qui conviendrait, quelqu’un qui pourrait bien les régir, dignement. Il acquiesça doucement lorsqu’elle parla d’Elias, après tout il avait fait ses preuves en tant qu’Alphas, mais en tant que roi, est-ce que ça serait la même chose ? Est-ce qu’il aurait le temps  de gérer cela, est-ce qu’il le voudrait réellement ? Telles étaient les questions, par ce qu’au final il ne le connaissait pas assez, mais il avait un côté juste, m ais peut-être un peu trop « bon », trop « gentil » qui pourrait être dérangeant à la longue. Sa mère sembla d’ailleurs plus ou moins du même avis que lui, même si arguments n’étaient pas les mêmes.  Le souci c’est qu’à part Elias,  je ne  sais pas qui pourrait réellement accéder au pouvoir et conviendrait. Je n’ai pas confiance, dans les autres Alphas Bruns, les Alphas de clans. Rhydian me parait fade. Raphaël a toujours été intelligent, et réfléchi, mais le souci c’est qu’il n’est pas apprécié, même dans sa propre meute. Peu voudront de lui comme roi, sans un réel soutien. Qui chez les Bruns voudraient de Raphaël comme roi ? Il s’était déjà fait snober pour l’alpha de la meute Kristelig, il n’avait eu aucun soutien à l’époque et aujourd’hui, il n’était pas certain que la vision des Loups envers leur Bêta s’était améliorée… Elias est plus charismatique, il inspire plus la confiance, c’est un meilleur parti à tirer je pense, tu n’as pas confiance en lui, mais il est cul et chemise avec Raphaël, n’est-ce pas. Ca sera certainement lui le premier Ministre, il l’écoute d’après ce que j’ai pu comprendre en tant que Bêta, alors en tant que Ministre. On ne doit pas se planter. On doit être certain d’élire la bonne personne et si Hansen ne veut pas de ce rôle prenant, on peut toujours lui faire une suggestion, n’est-ce pas ? Ils devaient trouver la meilleure solution, Tveit ferait peut-être un bon roi, même si Ivar considérait qu’il ne le connaissait pas assez, mais Tveit n’était peut-être pas assez populaire et leur « stratégie » pourrait être vouée à l’échec. Il fallait donc pour le jeune loup une valeur sûre. Il ne répondit rien de plus, se contentant de regarder sa mère pour savoir quel était son avis sur la question.

Ils venaient d’enterrer le Roi, le père d’Ivar et peut être que certains se seraient étonnés de les voir planifier avec autant de sérieux l’avenir. Peut être, ou peut être pas. C’était leur façon à eux de gérer le deuil et la douleur. Mais c’était aussi nécessaire. Pour l’avenir de leur meute, de leur famille, du peuple lupin. Qui plus est, surtout maintenant que les meutes américaines étaient arrivées sur le territoire. Ils se devaient de trouver quelqu’un qui pourrait être juste, intelligent, quelqu’un qui saurait les guider et les protéger, mais aussi s’allier au plus offrant. Au nécessiteux. A celui qui leur permettrait d’avancer et de se défendre. Le souci, c’est qu’un tel loup n’existait pas forcément dans les prétendants au trône qui pouvaient exister. Et le pire, c’est que tous n’étaient pas désireux de devenir Roi. Peut être même qu’aucun des noms auxquels ils pensaient à l’instant ne souhaiteraient se présenter. Ils n’étaient sûrs de rien.
C’était pour ça qu’ils se devaient d’en discuter.
Pour trouver un nom. Trouver quelqu’un.
Pour pouvoir se préparer à tirer quelques ficelles. A faire alliances, à tisser des liens, à faire des marchés. A faire ce qu’il fallait pour que leur meute s’en sorte bien et que le pays n’en ressorte pas plus faible qu’auparavant. Après un roi comme Solskinn, ce serait difficile de trouver quelqu’un capable de gérer, quelqu’un capable de s’occuper parfaitement du royaume. Et pourtant, il le faudra. « Oui, Elias a un côté un peu trop doux et sympathique. » Sourire mystérieux sur le visage, elle s’installa dans un fauteuil du salon, remontant ses jambes contre sa poitrine. « Il n’a pas ce côté ferme et sanguinaire propre à nos alphas. » Et c’était bien dommage, car avec ça il aurait été le concurrent parfait. Enfin, avec ça, il n’aurait sans doute pas été dans la meute brune non plus. Enfin. C’était un autre débat. « Raphaël a l’avantage d’une mauvaise réputation. Et le désavantage de celle-ci. » Après tout, elle n’avait pas oublié ce qui se racontait sur lui à une époque. Les rumeurs sombrent qui évoluaient autour de sa personne avaient bien existés. Et, peut être, qu’elles n’étaient pas que des rumeurs, mais pour ça, il fallait se renseigner. Autant dire que ce n’était pas une mince affaire. Oh que non. Bien au contraire. Elle préférait même ne pas savoir comment une telle chose pouvait se mettre en place, parce qu’elle n’avait sans doute pas l’étoffe nécessaire pour agir de la sorte. Et pourtant, ça n’allait pas être l’alpha de meute qui allait toquer à la porte du loup, afin de savoir s’il comptait – ou non, devenir Roi. « Je pense que tu as raison, Raphaël continuera à conseiller Elias. » C’était inévitable. « Ils sont très proches. » Peut être un peu trop, ce n’était pas un souci. « Mais qui d’Elias ou de Raphaël aurait le plus de tripes pour gouverner ? » La réponse était évidente, c’était Raphaël. Il avait des avantages indéniables. « En plus, Raphaël serait complètement neutre vis à vis des roux et permettraient à tous de s’unir en un front commun. » Autant dire que ce n’était pas une mince affaire. Bien au contraire. « Nous n’avons pas besoin d’un Roi qui a fricoté avec cette meute. » Certes, il avait prouvé sa capacité de mâle reproducteur et ainsi sa faculté à avoir des enfants, mais ça n’effaçait pas les difficultés qu’il avait rencontré. « Et dire que si cette alpha de meute n’avait pas été si stupide, peut être qu’il aurait pu s’en sortir mieux. Il aurait dû choisir une autre louve. » Surtout pour ses premiers enfants.

Elle réfléchissait, mais elle ne voyait pas comment faire. Il leur fallait quelque chose, un point d’accroche. « Est-ce que Elias pourrait, à ton avis, recommander Raphaël au poste de Roi ? » Après tout, c’était une solution comme une autre. Car s’il avait le soutien de son propre alpha de meute, la meute entière serait alors prête à le suivre. C’était une question délicate, une question à laquelle elle n’avait, à ce jour, aucune réponse. Elle ne doutait pas de pouvoir en avoir une, mais elle ne savait pas comment faire. Pas pour le moment en tout cas.

Visiblement, pour l’instant il n’y avait que deux noms envisageables. Deux bruns. L’Alpha et le Bêta qui semblaient bien souvent comme cul et chemise…. Enfin ils avaient l’air de bien s’entendre et de se respecter. Ce qui était un bon point en soi. Ivar écouta les arguments de sa mère, acquiesçant doucement. Elias était plus charismatique, mais moins ferme que Raphael, ce qui avait des avantages et des inconvénients. Il se mordilla un peu la lèvre avant de souffler : On est bien d’accord, Raphael ferait un meilleur Roi, Elias est bien au rang d’Alpha. Maintenant, il faut amener ce premier au trône ! Ils sont totalement différents au niveau caractère, mais le Bêta correspondrait mieux aux critères de tous. Elias est peut-être trop… sentimental. Il se tut quelques instants Mais les bruns, ne serait-ce qu’eux, qui suivraient-ils si les deux se présentaient ? Elias a été l’Alpha du changement, même si Raphaël, l’a largement épaule, c’est lui qui a réuni la meute. Ils ne l’oublieront pas, tous comme les roux savent qu’il a agi pour le bien des enfants. Des enfants à moitié roux. Je me trompe peut-être, mais si nous on voit plus Raphael, les bruns et roux ne seraient pas forcément d’accord. Il se tut quelques instants. Il nous reste donc une seule solution. Que ce soit Elias lui-même qui propose Raphaël au titre de Roi. Il faudrait peut-être que tu ailles prendre la température sur ce qu’il pense de tout cela. S’il compte ou pas se présenter, s’il a des idées si ce n’est pas le cas. Suivant ses réponses, nous pourrions ainsi aviser, essayer de faire bouger les choses dans le bon sens dans notre sens. Nouveau temps de silence avant qu’il reprenne. Mais je pense que ça serait possible qu’Elias recommande Raphaël au poste de Roi. Il voudra probablement quelqu’un en qui il a confiance au pouvoir, s’il ne veut pas se présenter, ça serait une bonne alternative pour lui. Tu ne penses pas ? Maintenant, il ne restait plus qu’à savoir si oui ou non Elias se présenterait aux élections. Il soupira doucement, ça serait probablement la partie la plus difficile si Hansen n’était pas d’humeur bavarde. Tu penses qu’il pourrait facilement te parler, ou il faut que l’on trouve une solution alternative ? Peut-être que je pourrais essayer de voir avec son frère, tu sais le chef des Traqueurs de la meute Brune. Mais je pense que ça paraitrait un peu plus étrange. Et c’était peu dire, surtout que niveau délicatesse et compagnie, ce n’était franchement pas le fort d’Ivar.

La réflexion des deux loups noirs tournait autour du poste de Roi. En effet, il s’agissait d’un poste à haute responsabilité qui nécessitait donc la présence de quelqu’un de compétent. Quelqu’un qui saurait prendre les décisions importantes, les décisions délicates, pour le meilleur, comme pour le pire, sans pour autant faire une différence entre les loups. Vyranui la première reconnaissait la difficulté de diriger et de mener des loups à faire quoique ce soit, alors les gouverner tous ? En essayant de ne pas faire de différence ? C’était quasiment mission impossible. Et de très loin.
Alors oui, il fallait trouver quelqu’un qui puisse correspondre à des idéaux communs, sans que pour autant les points de différence entre les meutes ne soient trop présents. Trop marqués. Ca éviterait de nombreux conflits, surtout entre plusieurs meutes connues. Laissant son fils parler, elle l’écouta jusqu’au bout, laissant même le silence se prolonger alors qu’il venait de terminer. Vyranui ne savait pas trop quoi en penser.
D’une certaine façon, Raphaël était le mieux placé. D’un autre côté, il n’avait jamais été le plus apprécié dans sa meute et, qu’est-ce qui pousserait une meute à se ranger derrière un alpha peu apprécié ? Si ce n’est la nécessité, ou l’urgence, elle ne voyait pas grand-chose. D’un autre, la meute argentée ne sera pas réélue. La mort du Roi signant pour elle son incapacité à le protéger. La meute blonde et le fiasco d’Avyn avait vacciné toute la Norvège. La dernière alpha de la meute rousse avait été destituée, ce qui, évidemment, ne permettait pas non plus d’élire une Reine rousse. Il restait donc la meute brune et la meute noire. La meute noire, depuis toujours, avait fait son travail dans l’ombre des autres loups, des autres meutes, alliée depuis des générations, des siècles, à la meute argentée. Bien qu’Ivar, en tant que fils légitime du Roi, pourrait reprendre le trône, ce n’était ni son envie, ni celle de sa mère. Il n’était pas fait pour ça, elle ne lui souhaitait pas de suivre cette destinée. Après, si Fenrir lui révélait qu’il en était ainsi, évidemment, elle ne s’y opposerait pas. Pour autant, à ce qu’elle en savait, ce n’était pas le cas. L’alpha de la meute noire, quant à elle, ne semblait pas s’intéresser plus que nécessaire à ce fameux trône. Bien qu’elle en aurait les capacités et qu’en plus, en tant que louve, sa place ne serait pas discutée, elle n’était pour autant pas intéressée. Il ne restait donc que la meute brune. Puisque même si des loups illégitimes venaient à se présente au sein de la meute noire, personne ne les suivra sur le trône – d’où le fait qu’ils ne se présenteront sûrement pas.

Ainsi, dans la meute brune, il fallait choisir. Le choix se portait, de manière logique et censée pour Vyranui, sur Raphaël. Il n’était pas le meilleur des loups, il n’était pas un allié de taille, mais il savait se montrer utile. Et, au-delà de ça, il savait prendre les décisions difficiles quand il le fallait. Ainsi donc, elle était d’avis de voter pour lui. Sauf qu’il était nécessaire qu’il se présente. « J’ai échangé avec Elias effectivement, mais je ne sais pas s’il me fait véritablement confiance. » En tout cas, elle, elle ne lui faisait pas confiance. Et de très loin. « Je pourrais, je pense, échanger avec lui à ce sujet après en avoir discuté avec l’Alpha. » Puisque sans son avis, elle ne pouvait rien faire. « Mais je ne suis pas sûre que ça aboutisse à quoique ce soit. » Elle soupira. « Si l’alpha m’autorise à lui parler, je pourrai lui dire que la meute noire soutiendra son choix et se ralliera derrière lui, mais me croira-t-il ? » Ca c’était une variable qu’ils ne pouvaient maîtriser. « Je peux toujours essayer en tout cas. » C’était un premier pas à faire. Enfin, avant, elle se devait malgré tout de voir avec leur alpha de meute, sans qui, elle ne pouvait rien faire. « Profites en pour te rapprocher de la meute brune et des traqueurs. Ça sera toujours utile. » Non seulement il pouvait leur montrer ses capacités et compétences, mais en plus, à se faire des relations et des alliés, il devenait plus fort. Des alliances dont ils pourraient avoir besoin, un jour ou l’autre.

«Pour le moment effectivement je pense que le plus sage d’avoir l’accord de notre Alpha puis de discuter avec lui… Je doute qu’il te fasse confiance, mais il sera quand même probablement assez intelligent pour te recevoir et répondre à tes questions. Un brun à la tête de pays, que ce soit lui ou Raphaël, ça ne pourra être qu’avantageux pour lui, non ?» Il haussa un peu les épaules avant de soupirer doucement  « Ta méthode me parait judicieuse, de toute manière ça ne nous coute rien d’essayer, n’est-ce pas ? Le pire qu’il puisse arriver vu que tu n’y vas pas avec de mauvaises intentions, c’est qu’il t’envoie bouler. Et on le sait que c’est une possibilité, je ne pense qu’en agissant ainsi on a qu’à y gagner !» Mais il était peut-être trop jeune pour voir réellement toutes les possibilités ! Il se passa une main dans les cheveux avant de soupirer doucement, ça ne serait pas forcément un bon moment à passer ni pour l’un ni pour l’autre avant d’ajouter « Je vais voir si je ne peux pas me retrouver à travailler avec son frère, ou même avec Asya, il me semble qu’il était proche d’elle, Elias. J’en apprendrai peut-être un peu pour peu qu’elle soit un peu bavarde ! » Les fréquenter, ces deux-là  ne le gênait pas trop, ils étaient nés-loups, leur compagnie ne serait donc pas trop mauvaise même s’il préférait la présence des loups noires ou argent ! Au moins, il ne devait pas aller copiner avec les roux ou les blonds, c’était déjà un excellent point ! « Maintenant, je n’ai plus qu’à trouver une raison d’aller vers les bruns vu que ce n’est pas quelque chose que je fais généralement, mais je devrais trouver une solution qui ne paraisse pas trop suspecte ! » Il n’avait plus qu’à y réfléchir et agir en conséquence !

« Je suis d’accord. Un brun est le meilleur compromis. » Et puis, de toute façon, ils n’avaient pas d’autres solutions. Les blonds et les roux étaient inenvisageables, les argentés n’allaient pas se représenter avec la perte qu’ils venaient de subir et, évidemment, les noirs n’avaient pas cette volonté-là. Ils ne passeraient pas juste après les argentés, surtout pas vu les erreurs qu’ils avaient commises. Ils attendraient que leur Augure leur envoie un signe, quelque chose, avant cela ils ne prendront aucun risque.
Son fils avait la même vision du monde qu’elle, ainsi donc, elle était d’accord. Il n’y avait que peu à risquer d’aller rencontrer l’alpha de la meute brune et de discuter avec lui. Au pire, il ne souhaitait pas la recevoir, ne souhaitait pas entendre ce qu’elle avait à lui dire. Rien de grave, rien qu’elle ne saurait pas vivre avec. Ainsi, elle n’allait pas se plaindre et tenter l’expérience. En tout cas, si son alpha de meute le lui autorisait. C’était, évidemment, la condition sine qua none. Vyranui, plus que n’importe quel autre loup, ne se permettrait jamais de passer outre l’autorisation de son alpha. Surtout pas pour un sujet aussi sensible que celui-ci. Elle tenait trop à la vie et à sa réputation. Car, même si tout se passait bien, il y avait un risque non négligeable de créer des incidents diplomatiques. D’autant plus que l’alpha brun avait des enfants en bas âge, une situation qui nécessitait que tous les loups fassent attention à ce qu’ils disaient, ce qu’ils faisaient. Le moindre danger sur les petits conduirait à des ennuis sur plusieurs générations. « C’est une bonne idée. » Ce n’était pas une mauvaise idée, loin de là et, en plus, ça tiendrait Ivar occupé. Certes, pour le moment, il semblait supporter le deuil de son père… Mais pendant combien de temps ? Et surtout, allait-il se voiler la face ou s’autoriser à pleurer son père qu’il n’avait pas eu le temps de connaître ? C’était une question qu’elle se posait, en temps que mère. Bien sûr, au besoin, elle saurait être là pour lui, répondre à ses questions, lui montrer la voix pour prendre soin de son esprit, mais aussi de son avenir. Enfin, elle n’allait pour autant pas lui forcer la main. Le jour où il aurait besoin de lui parler, elle sera là. Comme toujours. « Utilises la carte de la traque. » Elle haussa les épaules. « Braaten est la chef de tous les traqueurs, elle t’a mis, comme pour des loups bruns, dans une unité de traque propre à toutes les meutes. Ca peut être une occasion non ? » C’était une idée comme une autre, il en faisait ce qu’il voulait, mais elle trouvait que ça serait le plus pertinent.  

Ils semblaient d’accord sur à peu près tous les sujets, ce qui était déjà une bonne chose ! Maintenant, comme il lui avait dit, il fallait qu’il trouve un moyen de se rapprocher de la meute brune et d’avoir quelques petits renseignements bien utiles à leur « plan ». Ce que dit sa mère, lui fit opiner du chef ! Bien sûr qu’il y avait pensé, mais c’était peut-être un peu trop « formel », il risquait de rester au niveau « boulot » traque et non pas arriver à dévier que autre chose.. en même temps, il n’était pas franchement le mieux placé pour arriver à avoir des conversations civilisées avec les autres meutes, alors le boulot semblait quelque chose de plus judicieux, de plus adapté, quelque chose qui ferait quand même un peu moins louche. Il allait devoir travailler son approche et travailler peut-être un peu avant ce qu’il allait bien pouvoir dire qu’il ne fasse pas trop renfermé. «J’aurais bien voulu ne pas parler boulot, mais je crois qu’effectivement, tu as raison, ça serait le plus judicieux, je vais procéder comme ça !» Il se tut quelques instants avant de rajouter «Et je crois que je vais tester sur Asya, elle est du genre beaucoup plus bavarde que le frère Hansen ! J’aurais plus de chance avec elle. » Surtout qu’elle était une femme, une Louve, elle succomberait peut-être à son charme, même s’il avait un doute là-dessus, en tout cas, ça serait toujours plus facile qu’avec Krys.

«A ton avis, face à quelqu’un de bavard, si je ne prononce que quelques mots ci et là, elle pourra faire la conversation quasiment toute seule, où il faut que je travaille quelques thèmes histoire de la faire parler plus facilement ? » Là, on ne parlait de flirter avec quelqu’un, mais plutôt d’être assez diplomate pour arriver à soutirer des informations, et on ne pouvait pas franchement dire qu’être agréable, sympa et diplomates faisaient partie de ses qualités premières, alors quelques conseils d’une autre femme était toujours le bienvenu. Il ne voulait pas se rater, il voulait réussir tout ce qu’il entreprendrait pour que son Père soit fier de lui de là où il était. Il devait devenir son digne successeur, pour l’instant il était un peu jeune, sans trop expérience, pas assez puissant pour entreprendre de grandes choses, alors il allait falloir qu’il continue à apprendre, à s’entrainer, à rester dans les rangs en attendant son heure. Et puis, réfléchir à tout cela l’empêchait de trop ressentir d’autres choses pas agréables. Il n’était jamais à l’aise avec ses émotions.

« Je comprends… » Elle réfléchit. « Après, les autres meutes ne sont pas habituées à ce que l’on sociabilise avec elles, donc une autre approche risquerait de te jouer défaut. » Enfin, d’après elle. Peut-être qu’elle se méprenait, mais là c’était une toute autre question en tout cas. Pour le moment, c’était la seule solution qu’ils avaient, c’était la meilleure façon pour eux de mettre un pied dans le jeu politique actuel. Peut-être que ça ne fonctionnerait pas, peut être oui, mais en attendant ils se devaient d’essayer et de voir ce qui pouvait advenir. D’une façon ou d’une autre. « Et ce sera peut-être moins inquiétant également. » De toute manière, ils ne pouvaient pas se permettre de faire planer des doutes, ou d’inquiéter certains loups.

« Travail des thèmes, au cas où. » Parce qu’ils n’étaient sûrs de rien. « Ça serait bête si tu n’avais rien à dire, ça pourrait jouer en ta défaveur. Par contre n’en fais pas trop. » Toujours pareil, faire la part des choses, trouver quoi dire, à quel moment, et surtout de quelle manière. En espérant que tout se passe pour le mieux, bien sûr. Elle ne savait pas trop quoi faire d’autre, n’appréciant pas plus que ça de se lier à certains, ou certaines personnes. Ce n’était pas vraiment son meilleur atout, ni même une passion ou quoi. C’était juste qu’elle n’appréciait pas les autres et préférait, très largement, ne jamais discuter avec qui que ce soit. C’était sa façon d’être, sans doute également la raison pour laquelle la politique n’était pas faite pour elle. Ca expliquait peut être aussi la particularité de son don de guérison, qui nécessitait de déconstruire pour construire. Elle n’en savait trop rien, mais elle fonctionnait comme ça et ça lui allait très bien. Et de très loin à vrai dire. « Je pense qu’on est prêt. » Elle soupira. « Je vais me charger de contacter l’alpha et puis je verrai Elias. » Elle s’étira. « Aller, je vais courir, tu viens ? » Après tout, ça pouvait être sympa de courir dans la forêt avec son fils. C’est sûr ces bonnes paroles qu’elle se dévêtit et muta, ne se préoccupant pas de savoir si Ivar la suivrait, ou non. Il était suffisamment grand pour prendre ses propres décisions.
Fin pour Vyranui.

Il acquiesça doucement lorsqu’elle lui dit de travailler quand même quelques thèmes. Il soupira doucement mais acquiesça, il n’aimait pas parler aux autres, faire la conversation, alors ne pas en faire trop… ça ne serait pas forcément très simple. Mais il savait que c’était nécessaire. Il devrait bien potasser ça pour que ça fasse naturel, que ça soit un juste milieu entre beaucoup de choses. Il se passa une main dans les cheveux Ne t’inquiètes pas, je ferai en sorte de bien me débrouiller, avec un peu d’entrainement ça ne doit pas être si compliqué que cela… je suppose. J’ai bien retenu ce que tu as dis en tout cas, ne t’inquiètes pas !

En attendant ils avaient fini la conversation, sa mère allait parler à l’Alpha puis à Hansen, ça serait probablement elle qui ferait le plus gros du boulot, mais il espérait ne pas rater sa partie, c’était bien trop important pour la suite. Il acquiesça ensuite, la regardant se déshabiller, attendant qu’elle ait presque fini sa mutation pour en faire de-même. Il n’aurait probablement pas trop de mal à la rattraper de toute manière s’il se dépêchait. Bien sûr qu’il viendrait, bien sûr qu’il préférait courir en fôret, être sous forme lupine qu’humaine, pour lui c’était plus… inné. Il n’en restait pas moins préoccupé par tous ces « soucis » d’humains.