À l’approche de la manifestation « antiloups », c’est dans un contexte serein que nous avons rencontré Edwina S. Svanhildesen (photo ci-desssus) afin de discuter des relations « tendues » qui continuent d’exister entre loups et humains. De cette entrevue, plusieurs vérités nous sont parvenues, dont une plus alarmante que les autres : si nous désirons vraiment la « Paix », c’est un long combat qui nous attend.


« Mais la haine est plus tenace que l’amour, surtout dans votre culture. » nous a-t-on déclaré après plusieurs minutes d'entretien. Mais les humains sont-ils vraiment haineux ? Les loups sont-ils exemplaires ? Après la Révélation d’Avyn (paix à son âme), et le sort qui a été le sien, nous sommes en droit de nous poser ces questions. Certes, les humains ont leur lot de pots cassés derrière eux, mais peut-on affirmer pour autant que les loups leur sont supérieurs ? Cela ne fait-il pas partie de ces propos qui alimentent les tensions entre chasseurs et loups, entre protecteurs et chasseurs ? Le désir d’Avyn, si nous en croyons notre interlocutrice, était louable. Maladroit, mais louable malgré tout. Pourtant, l’ancienne Reine a été assassinée. Est-ce là une preuve de cet « amour tenace » propre à la culture lupine ? Est-ce là une preuve de la supériorité des loups sur les hommes ? Si nous souhaitions réellement la « Paix » entre ces deux races, ne devrions-nous pas avant tout cesser de les juger sans cesse ? Les conflits de « race » n’ont-ils pas toujours eu pour origine ce jugement dépréciatif que nous infligeons sans cesse aux êtres différents ? C’est en partant de cette idée que nous avons demandé à notre invitée ce qu’elle ferait si elle était en mesure d’agir pour le meilleur et d’amener la race lupine à coexister avec les hommes en paix. La jeune femme nous alors répondu en ces termes : « Si éduquer les hommes permettait à mon peuple de vivre en sécurité, permettait à mes louveteaux de grandir sans peur, à mes louves de ne pas refuser une grossesse sous prétexte que des chasseurs tentent, tous les jours, de les égorger, alors oui je le ferais. » ; après de tels propos, comment pourrions-nous blâmer les loups de se méfier des hommes ?

D'un côté, nous avons des humains, persuadés d'agir pour le « Bien », de protéger des civilisations entières de massacres perpétrés par les loups ; et de l'autre, nous avons des loups qui se sentent supérieurs aux humains, plus « aimants », plus « solidaires » qu'eux. C'est du moins ce que semble penser notre interlocutrice : « Les loups sont très intolérants et ne comprennent que rarement les motivations d'autrui, les humains détestent la différence et les deux ne font que très rarement bon ménage pour de très nombreuses raisons […] Dans la nôtre [culture] on s'unit à vie, le divorce n'existe pas, comment pourrions-nous penser que votre peuple nous aimera et nous respectera, quand il ne fait déjà pas preuve de respect et d'amour envers les siens ? Comment pourriez-vous nous accepter quand vos femmes se battent pour avoir les mêmes droits que vos hommes ? Nos différences font peut-être notre force, évidemment, mais j'ai beaucoup plus d'exemples de femmes et d'hommes qui font tout pour nous exterminer que de femmes et d'hommes qui font tout pour nous protéger. ».

Autrement dit, nous faisons face à un cercle vicieux : tant qu'humains et loups ne seront pas capables d'abattre leurs préjugés, la paix entre ces deux races restera inaccessible.

Mais désirons-nous vraiment la Paix ?